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L’impact de la santé sur la sexualité : maladies chroniques, handicap, ménopause et traitements médicaux

Dernière mise à jour : 29 mars

Pour beaucoup, la sexualité est une composante essentielle du bien-être, de l’identité et de l’épanouissement personnel. Pourtant, il n’est pas toujours simple d’aborder l’impact de la santé sur la vie affective et sexuelle. Ce sujet demeure tabou, car il touche à l’intimité profonde, à l’image de soi et aux injonctions sociales autour de la sexualité et de la performance. On imagine souvent qu’une sexualité épanouie est une évidence, alors qu’en réalité, elle repose sur de nombreux facteurs, et notamment l’état de santé physique et mental.


Fond de peinture violet
Crédit : Pexel

Sommaire de l’article :




Définition de la santé sexuelle selon l’OMS


Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé sexuelle est « un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social lié à la sexualité ; elle ne consiste pas seulement en une absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité ». Ainsi, tout aspect de santé peut influencer profondément la vie sexuelle et l’épanouissement individuel.

Les droits sexuels : un droit à l’épanouissement pour tous


Selon la charte des droits sexuels de l’OMS, chacun a droit à une sexualité épanouie, libre et sans discrimination, y compris en cas de maladie chronique ou de handicap. Ce droit fondamental inclut notamment l’accès à l’information, à l’éducation sexuelle adaptée, à des soins de santé respectueux, ainsi qu’à des ressources appropriées pour vivre pleinement sa sexualité quelle que soit sa situation médicale ou physique. Il est essentiel de rappeler ce droit pour lutter contre l’exclusion et les préjugés qui persistent encore autour de ces questions !


Consentement et respect : des fondamentaux dans un contexte de vulnérabilité


Lorsqu’une maladie ou un handicap affecte la sexualité, la notion de consentement et de respect mutuel est particulièrement importante. La vulnérabilité liée à l’état de santé peut rendre plus difficile l’expression claire des désirs, besoins ou limites personnelles. C'est pourquoi il est crucial que les échanges restent ouverts, honnêtes et attentifs au consentement de chacun. Une sexualité épanouie passe avant tout par un respect absolu des choix et des limites de l’autre, afin que chaque partenaire puisse vivre une intimité sécurisée et bienveillante.


Pourquoi parler de santé sexuelle reste tabou ?


Parler de santé sexuelle reste complexe, car cela implique souvent de dévoiler ses vulnérabilités, ses inquiétudes ou ses douleurs. Aujourd’hui encore, la sexualité est souvent associée à la performance, au plaisir absolu et immédiat, à des normes sociétales, à et toute difficulté peut être perçue comme une faiblesse. Cette pression sociétale conduit au silence, à la honte, et pousse les personnes à souffrir en secret, au lieu de chercher de l’aide.


La sexualité est aussi largement influencée par notre culture, les règles morales et religieuses, notre environnement, nos propres expériences et croyances personnelles, les médias, mais aussi par ce qui est perçu comme "la norme", ce qui peut parfois figer, limiter les discussions et les changements sur les questions d'ordre intime, affective et sexuelle.


Lever ces tabous est essentiel, car parler de ces difficultés est le premier pas vers une prise en charge efficace, un meilleur épanouissement et une meilleure qualité de vie globale !



Maladies chroniques et sexualité


Les maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, l’arthrite, mais aussi les maladies inflammatoires (maladie de Crohn, polyarthrite rhumatoïde) et les maladies cutanées (eczéma, psoriasis) peuvent avoir un impact significatif sur la sexualité. Ces conditions entraînent fréquemment une baisse de libido, des douleurs physiques ou un inconfort émotionnel lors des rapports.


Par exemple :


• Une personne diabétique peut rencontrer des troubles érectiles ou une sécheresse vaginale.

• Les maladies cardiovasculaires peuvent provoquer des angoisses concernant l’effort physique lié à l’activité sexuelle.

• L’eczéma et le psoriasis peuvent provoquer des douleurs et une gêne physique, un inconfort corporel, affectant l’image de soi et pouvant entraîner une réticence à la sexualité.




Épisode "La maladie de l'eczéma et son impact sur la sexualité" du podcast Sin eden sublime


Handicap et sexualité


Quand on parle de handicap, on inclut tant les handicaps moteurs que les handicaps psychiques ou mentaux. Chaque type de handicap soulève des questionnements spécifiques : comment adapter son intimité et ses pratiques sexuelles ? Comment gérer les préjugés ? Quels outils ou approches thérapeutiques sont possibles pour faciliter une vie sexuelle sereine ?



Épisode Handicap et sexualité du podcast Sin eden sublime


Petit point sur les différentes formes de handicap :


Les différentes formes de handicap physique et leur impact sur la sexualité


Le handicap physique regroupe un large éventail de conditions affectant la mobilité, la motricité ou certaines fonctions corporelles. Il peut être temporaire ou permanent, d’origine congénitale ou acquise, et avoir des répercussions variables sur la vie intime.


Handicap moteur


Le handicap moteur concerne les personnes dont la mobilité est réduite en raison d’une atteinte du système nerveux (paralysie cérébrale, sclérose en plaques, lésion médullaire) ou d’une déficience musculaire ou articulaire (myopathies, arthrite sévère)...


Ces limitations peuvent entraîner :


• Une difficulté à adopter certaines positions sexuelles.

• Une baisse de la sensibilité ou, au contraire, une hypersensibilité dans certaines zones du corps.

• Une dépendance à un tiers pour les soins corporels, ce qui peut influencer la perception de l’intimité et du désir.


Des adaptations (mobilier, coussins ergonomiques, assistances techniques) et une exploration de la sensorialité permettent souvent de retrouver un équilibre dans la vie sexuelle.


Handicap sensoriel


Le handicap sensoriel regroupe les déficiences visuelles et auditives, qui influencent la manière dont la personne perçoit son corps et interagit avec un·e partenaire.


• Pour les personnes malvoyantes ou aveugles, la sexualité repose davantage sur l’exploration tactile et la communication verbale.

• Pour les personnes sourdes ou malentendantes, des barrières de communication peuvent rendre plus complexe l’expression du consentement, des désirs ou des limites.


Dans ces cas, l’importance du langage corporel, du toucher et des outils de communication adaptés (ex : langue des signes, guides tactiles) est essentielle pour une vie intime sereine.


Handicap invisible et douleurs chroniques


Certaines maladies chroniques comme la fibromyalgie, l’endométriose ou les douleurs neuropathiques sont classées parmi les handicaps invisibles, car elles n’affectent pas directement la mobilité (quoi que), mais peuvent impacter lourdement la sexualité. La fatigue, la douleur ou la rigidité musculaire peuvent :


• Réduire la fréquence ou l’envie des rapports.

• Rendre certains mouvements inconfortables ou douloureux.

• Générer de l’anxiété ou un sentiment de frustration dans le couple.


Une approche basée sur la communication, l’adaptation des pratiques sexuelles et un accompagnement médical et/ou sexothérapeutique peut être bénéfique. Dans ce contexte, le suivi thérapeutique permet de déconstruire les tabous, de renforcer l’estime personnelle et de favoriser une intimité adaptée et respectueuse des désirs et des limites de chacun.

Témoignage : « La sexualité, c’est aussi accepter ses limites pour mieux découvrir ses possibilités »


« Après mon diagnostic de sclérose en plaques, j’ai cru que ma vie sexuelle était finie.. Je me sentais diminué, vulnérable, et j’avais honte de ne plus pouvoir être le partenaire que j’étais avant. Avec l’accompagnement de ma sexologue Morgane Beauvais et une vraie communication avec ma partenaire, j’ai compris que la sexualité allait bien au-delà de ce que je pensais. Nous avons exploré ensemble d’autres façons de ressentir du plaisir, d’autres gestes, d’autres formes de complicité. Aujourd’hui, je me sens épanoui autrement, mais pleinement. », Anonyme, patient de 43 ans



Les différentes formes de handicap psychique et leur impact sur la sexualité


Le handicap psychique résulte d’un trouble psychiatrique affectant la perception de la réalité, la régulation des émotions et les interactions sociales. Contrairement au handicap mental, il n’affecte pas directement les capacités intellectuelles, mais peut engendrer des difficultés dans la gestion des relations intimes et de la sexualité.


Troubles anxieux et dépressifs


Les personnes souffrant de troubles anxieux généralisés, de phobies sociales ou de dépression chronique peuvent vivre des fluctuations de désir et des blocages dans leur intimité :


• Une diminution de la libido due à la fatigue, au stress ou aux traitements médicamenteux.

• Une hypervigilance corporelle qui peut rendre difficile le lâcher-prise.

• Une peur du rejet ou du jugement freinant l’initiative dans les relations intimes.


Dans ce contexte, l’accompagnement par un sexologue ou un thérapeute peut aider à reconstruire une relation plus apaisée avec son corps et son désir.


Troubles bipolaires et schizophréniques


Les troubles bipolaires entraînent des variations importantes dans l’humeur et la perception de soi, pouvant se traduire par :


• Des périodes d’hypersexualité lors des phases maniaques, avec des comportements impulsifs ou à risque.

• Des périodes de désintérêt total pour la sexualité lors des phases dépressives.


La schizophrénie et les troubles psychotiques, quant à eux, peuvent altérer la perception du corps, du désir et des relations, avec parfois :


• Une dissociation entre le corps et l’esprit, rendant difficile la connexion aux sensations.

• Des difficultés à établir des relations intimes durables en raison d’une méfiance accrue ou d’une instabilité émotionnelle.


Dans ces cas, un suivi médical et psychothérapeutique est essentiel pour assurer un équilibre relationnel et sexuel adapté aux besoins de la personne.


Troubles du spectre autistique (TSA) et TDAH


Les personnes neuroatypiques, comme celles ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), peuvent rencontrer des particularités dans leur rapport à l’intimité :


• Une hypersensibilité ou une hyposensibilité aux stimulations tactiles et sensorielles, influençant la manière dont elles perçoivent le plaisir.

• Une difficulté à comprendre ou à exprimer certains codes sociaux et affectifs dans les relations intimes.

• Un besoin de routines ou de rituels dans l’intimité pour se sentir en sécurité.


Un accompagnement adapté peut aider à mieux comprendre et explorer la sexualité selon les besoins spécifiques de chacun·e.


Différences principales entre les types de handicaps psychiques


Les troubles anxieux et dépressifs affectent l’humeur et la motivation sexuelle.

Les troubles bipolaires et psychotiques entraînent des variations marquées du désir et des perceptions corporelles.

Les troubles neuroatypiques (TSA, TDAH) influencent la sensorialité et la compréhension des interactions sociales.


Adapter la communication, le rythme et les pratiques à ces spécificités permet d’améliorer la qualité de vie intime et relationnelle des personnes concernées.



Ménopause et andropause


Ménopause


La ménopause marque une période complexe chez de nombreuses personnes en raison d’importantes fluctuations hormonales. Celles-ci provoquent souvent une sécheresse vaginale, une baisse significative de libido, ou encore des douleurs durant les rapports. Ces symptômes peuvent générer des tensions dans le couple et un sentiment de perte de féminité.


Andropause


L’andropause, moins connue mais bien réelle, est caractérisée par une diminution progressive de la production de testostérone. Elle peut induire une baisse de libido, une fatigue accrue, une humeur dépressive et des troubles érectiles.


La prise en charge hormonale et thérapeutique personnalisée permet généralement de pallier ces symptômes.


Traitements médicaux et effets secondaires sur la sexualité


Certains traitements médicaux (chimiothérapie, radiothérapie, antidépresseurs, traitements hormonaux) peuvent provoquer fatigue, diminution de libido ou troubles érectiles. Il est essentiel de discuter ouvertement de ces effets secondaires avec un professionnel pour envisager des ajustements thérapeutiques ou un accompagnement adapté.


Aspects psychologiques : anxiété, stress et dépression


L’anxiété, la dépression et le stress liés à la maladie ou au handicap influencent fortement la libido et le plaisir sexuel. Un soutien psychologique spécifique est indispensable pour retrouver un équilibre émotionnel et une intimité apaisée !


Le rôle du couple et des proches


Le soutien du partenaire et des proches est vraiment crucial pour mieux vivre les défis liés à la santé. Un dialogue ouvert permet de maintenir une intimité saine et soutenante.


La sexualité au-delà de la pénétration


Il est important de rappeler que la sexualité ne se limite pas à la pénétration. Explorer la sensorialité (que l'on retrouve notamment dans le tantra), les massages ou d’autres formes d’intimité peut apporter un nouvel épanouissement sexuel malgré les contraintes physiques.


Inégalités d’accès à la santé sexuelle


L’accès à une prise en charge en terme de santé sexuelle reste inégal, notamment pour les personnes en situation de handicap ou âgées. Il est essentiel d’améliorer l’accessibilité à ces ressources pour toutes les populations.


Les solutions existantes et accompagnements possibles


Heureusement, il existe diverses solutions pour accompagner les personnes impactées par leur santé dans leur sexualité (liste non-exhaustive) :


• Professionnels médicaux spécialisés : gynécologues, urologues, endocrinologues

• Organismes et associations : Association Française de Sexologie, AFM-Téléthon, APF France Handicap

• Thérapeutes du corps et approches complémentaires : kinésithérapeutes spécialisés, ostéopathes, sophrologues)

• Accompagnant.es sexuels : Travailleurs du Sexe - TDS

• Sexologues et sexothérapeutes



Vivre pleinement sa sexualité malgré les défis


Malgré les difficultés posées par la santé, avec une communication claire, une adaptation créative et un soutien professionnel adéquat, une sexualité satisfaisante reste possible. En tant que sexologue, je suis là pour vous accompagner vers une intimité épanouissante et sereine, adaptée à votre réalité.


Parler de ces défis, c’est briser le tabou et s’autoriser à trouver des solutions adaptées pour mieux vivre sa sexualité.


Pour aller encore plus loin :



Sources :


• OMS : Santé sexuelle et reproductive

• HAS : Sexualité et maladies chroniques

• Association Française de Sexologie

• Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français : Sexualité après la ménopause et l’andropause


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