Troubles sexuels : mieux comprendre sans culpabiliser
- Morgane Beauvais
- 15 mars
- 5 min de lecture
Les troubles sexuels sont un sujet dont on parle souvent, mais qui reste mal compris. Derrière ce terme, il y a des réalités multiples, et surtout une diversité de vécus. Souvent, on associe ces troubles à une pathologie, comme si toute difficulté dans la sexualité devait forcément être un problème médical. Pourtant, ce n’est pas si simple !
Dans cet article, nous allons explorer ce que recouvre réellement la notion de troubles sexuels, en prenant en compte toutes les personnes concernées, quel que soit leur genre ou leur identité. Nous parlerons également de l’injonction à la performance sexuelle, qui peut aggraver ces difficultés, et des solutions pour mieux vivre sa sexualité sans pression.

SOMMAIRE
Troubles sexuels : un terme parfois trop médicalisé
On parle souvent de « troubles sexuels » comme s’il s’agissait d’un diagnostic figé. Pourtant, toute difficulté sexuelle ne relève pas forcément d’un trouble médical.
Il est tout à fait normal d’avoir des variations de libido, d’éprouver des difficultés d’excitation ou d’avoir des expériences sexuelles différentes selon les périodes de vie. Ce qui devient un trouble sexuel, c’est lorsque ces difficultés sont persistantes, régulières et qu’elles provoquent une réelle souffrance ou un mal-être.
Il est également important de rappeler que les expériences sexuelles sont influencées par de nombreux facteurs : la santé mentale, le stress, les traitements hormonaux, l’histoire personnelle, les relations amoureuses… Aucun corps n’est programmé pour fonctionner de la même manière en permanence, et il est donc essentiel de sortir d’une vision rigide de la sexualité !
Alors, qu’est-ce qu’un trouble sexuel exactement ?
Un trouble sexuel se définit comme une difficulté persistante et répétée dans la sexualité, qui provoque une gêne significative ou une souffrance émotionnelle chez la personne concernée. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le manuel diagnostique DSM-5, ces troubles doivent durer au minimum 6 mois et générer une détresse ou des difficultés relationnelles pour être considérés comme tels.
En clair : c’est lorsque ces difficultés impactent votre vie de manière régulière et négative que l’on peut parler réellement de trouble sexuel.
Les troubles de l’excitation sont fréquents et concernent de nombreuses personnes, quel que soit leur genre ou leur anatomie ! D’après l’enquête CSF, 14,3% des hommes disent avoir déjà rencontré des difficultés érectiles occasionnelles, tandis que les troubles du désir peuvent toucher jusqu’à 30% des femmes à certains moments de leur vie. Ces chiffres montrent que les variations de l’excitation sont normales et qu’elles peuvent être influencées par de nombreux facteurs (fatigue, stress, traitements hormonaux…).
Quels sont les troubles sexuels les plus fréquents ?
Les troubles sexuels peuvent toucher tout le monde, indépendamment du genre ou de l’orientation sexuelle. Voici les principales catégories :
Les troubles du désir et de la libido
Cela correspond principalement à une baisse ou une absence de désir sexuel, parfois appelée « perte de libido ».
• Il est fréquent de ressentir une variation du désir à certains moments de la vie !
• La fatigue, le stress, des expériences passées ou encore un traitement hormonal peuvent influencer la libido.
• Chez certaines personnes sous traitement hormonal, notamment dans un parcours de transition, des variations de désir peuvent apparaître.
➜ Questions fréquentes :
• Pourquoi je n’ai plus envie de faire l’amour ? • Je n'ai plus de désir sexuelle... enfin, je crois ?
• Mon/ma partenaire a plus de désir que moi, est-ce normal ?
Les troubles de l’excitation (difficultés érectiles, lubrification, sensations corporelles)
L’excitation sexuelle repose sur des facteurs physiologiques, psychologiques et relationnels. Certaines personnes ressentent des difficultés à atteindre ou à maintenir leur excitation sexuelle, quel que soit leur corps.
• Troubles de l’érection : difficulté à obtenir ou maintenir une érection, qui peut concerner toute personne ayant un pénis.
• Sécheresse vaginale ou absence de lubrification naturelle : qui peut toucher toute personne ayant un vagin, notamment en raison d’un stress, d’un changement hormonal ou d’un traitement.
• Perte ou diminution des sensations : certaines personnes trans sous hormonothérapie peuvent ressentir des changements dans leur perception du plaisir et de l’excitation.
➜ Questions fréquentes :
• Pourquoi je perds mon érection pendant un rapport ?
• "Je n'arrive pas à bander"...
• Pourquoi je ne lubrifie pas assez ?
Les troubles de l’orgasme (anorgasmie, éjaculation précoce ou retardée)
Les troubles de l’orgasme concernent toute personne, quel que soit le genre ou l'orientation sexuelle.
• Anorgasmie : difficulté ou impossibilité d’atteindre l’orgasme, malgré une excitation suffisante.
• Éjaculation précoce : lorsqu’une personne ayant un pénis éjacule plus rapidement qu’elle ne le souhaiterait.
• Éjaculation retardée ou absente : lorsqu’il est difficile voire impossible d’éjaculer malgré une stimulation prolongée.
➜ Questions fréquentes :
• Pourquoi je n’arrive pas à jouir ? • "Je n'ai pas d'orgasme"...
• Comment contrôler mon éjaculation ?
Les troubles liés à la douleur sexuelle (dyspareunie, vaginisme, douleurs génitales)
Certaines personnes ressentent des douleurs répétées lors des rapports sexuels.
• Dyspareunie : douleurs génitales lors de la pénétration ou après un rapport.
• Vaginisme : contractions involontaires du vagin rendant la pénétration difficile ou impossible.
• Douleurs post-opératoires ou hormonales : certaines personnes trans opérées peuvent ressentir des douleurs spécifiques ou une sécheresse accrue.
➜ Questions fréquentes :
• Pourquoi j’ai mal quand je fais l’amour ?
• Comment diminuer la douleur pendant les rapports ?
L’injonction à la performance : un poids invisible
Un élément essentiel à prendre en compte dans les troubles sexuels est la pression sociale autour de la sexualité.
Dans notre société, la sexualité est souvent vue comme une performance :
• Il faudrait avoir du désir en permanence.
• Il faudrait pouvoir atteindre l’orgasme facilement et rapidement.
• Les personnes ayant un pénis devraient « tenir longtemps » et celles ayant un vagin devraient forcément jouir à chaque rapport.
Beaucoup de personnes ressentent une pression à “bien faire” dans leur vie sexuelle, ce qui peut renforcer certaines difficultés. Toujours selon l’enquête CSF, un nombre significatif de personnes déclarent avoir ressenti de l’anxiété à l’idée de ne pas être à la hauteur sexuellement, en particulier chez les jeunes adultes et les hommes après 50 ans. Ces attentes irréalistes, alimentées par les médias et la pornographie, peuvent conduire à des troubles du désir, de l’érection ou de l’orgasme.
Ces injonctions créent une énorme pression et aggravent souvent les difficultés sexuelles. En réalité, il n’y a pas de « norme absolue ». Chaque corps fonctionne différemment et chaque expérience est unique.
➜ Se libérer de ces injonctions, c’est s’autoriser à vivre sa sexualité sans pression et avec plus de bienveillance !
Quand faut-il consulter un·e sexologue ?
Si ces difficultés sexuelles deviennent une source de stress, de frustration ou de souffrance, il peut être utile d’en parler. Trop de personnes hésitent à consulter en pensant que « ça va passer tout seul ». Pourtant, un accompagnement bienveillant peut faire toute la différence.
Un·e sexologue peut vous aider à :
➜ Comprendre d’où viennent ces difficultés.
➜ Déculpabiliser et se libérer des injonctions.
➜ Explorer des solutions adaptées à votre vécu et à vos besoins.
Comment je peux vous accompagner en tant que sexologue ?
Lors de mes consultations (en cabinet à Lyon ou en téléconsultation), j’accompagne toutes les personnes, quels que soient leur genre, leur orientation ou leur parcours de vie.
Mon approche est inclusive, bienveillante et sans jugement :
• Je vous écoute avec attention pour comprendre votre situation.
• Nous explorons ensemble des pistes adaptées à votre histoire et à vos envies.
• Vous repartez avec des outils concrets pour avancer à votre rythme.
Conclusion : vous n’êtes pas seul·e !
Vivre une difficulté sexuelle, quel qu’en soit le type, n’est pas une fatalité. Ces expériences peuvent être complexes, mais elles ne doivent jamais être vécues dans l’isolement.
➜ Si vous souhaitez en parler ou être accompagné·e, n’hésitez pas à prendre rendez-vous. Ensemble, nous trouverons des solutions adaptées pour retrouver une sexualité sereine et épanouissante.