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Anxiété et sexualité : pourquoi l’angoisse bloque le désir, le plaisir ou le passage à l’acte (et comment s’en libérer)

Il y a des personnes qui aimeraient vivre une sexualité libre, légère, connectée… mais dont le corps, au moment venu, dit non. L’envie est là, parfois même très présente. Et pourtant, impossible d’avancer. L’angoisse prend toute la place : peur du regard, peur de ne pas être à la hauteur, peur de se montrer vulnérable, ou tout simplement peur d’avoir peur.


L’anxiété sexuelle peut prendre mille formes : elle empêche certains de passer à l’acte, fait fuir l’intimité, bloque le désir, ou provoque une hypervigilance constante. Elle s’ancre parfois dans une histoire personnelle douloureuse, un trauma, une pression de performance, ou simplement dans une société qui ne nous a jamais appris à vivre notre sexualité avec sécurité et douceur.


Dans cet article, j’explore avec vous ces liens complexes entre anxiété et sexualité, pour mieux comprendre ce qui se joue et, surtout, pour ouvrir des pistes vers plus de liberté, de confiance et de plaisir. Parce qu’on peut sortir de la peur. Et retrouver une sexualité qui nous ressemble.


Une personne qui s'attrape la tête
Crédit ; Unsplash

Sommaire :




Quand l’anxiété s’invite dans la sexualité


Il y a des moments où l’on aimerait pouvoir lâcher prise, vivre une sexualité fluide, joyeuse, présente. Et pourtant, quelque chose se fige. Le corps se referme, le cœur s’emballe, le mental prend toute la place. L’envie est là, mais l’angoisse aussi. Elle s’insinue, s’infiltre, et finit parfois par tout bloquer.


Cette réalité, je la rencontre très souvent en consultation : des personnes qui ont peur d’aller vers l’autre, peur de ne pas être à la hauteur, peur de souffrir ou de faire souffrir


Et c’est précisément pour ça que j’ai eu envie d’écrire cet article.


Parce que non, l’anxiété n’est pas un petit grain de sable passager. Elle peut avoir un véritable impact sur la vie sexuelle, affective, relationnelle. Et surtout, parce qu’il existe des manières d’en parler, de comprendre ce qui se joue, et de retrouver du souffle dans sa sexualité.



Peur de ne pas être à la hauteur : performance, comparaison et pression


Dans une société qui valorise la performance, même la sexualité devient un espace d’évaluation. On se demande si l’on va réussir à donner du plaisir, si notre corps est désirable, si l’on va être capable de tenir, assurer, bander, jouir


On a en tête des scénarios, des modèles issus du porno, des récits normés ou fantasmés. Et on s’y compare, même sans le vouloir.


L’anxiété peut alors surgir comme une réaction de protection : plutôt que d’affronter un éventuel échec, le corps dit non. Ou bien il est là, mais déconnecté. Le mental surchauffe, et le plaisir s’éteint.


Ce n’est pas une défaillance. C’est un mécanisme de défense. Un signal à écouter. Et derrière cette peur de ne pas être à la hauteur, il y a souvent un besoin profond d’être rassuré·e, reconnu·e, accepté·e tel·le qu’on est.



Anxiété sociale et sexualité : la peur d’être vu·e, jugé·e, rejeté·e


Certaines personnes me disent :


“Ce n’est pas le sexe qui me fait peur, c’est le fait qu’on me voie.”

Être nu·e devant l’autre, se montrer tel·le qu’on est, laisser son corps être touché, regardé, senti… tout cela peut réveiller des angoisses profondes, liées à l’image de soi, à l’estime, à l’histoire personnelle.


Quand on vit avec une forme d’anxiété sociale, la sexualité devient un lieu d’hypervigilance. Chaque geste est analysé, chaque réaction anticipée. Et forcément, dans cet état, le corps n’est plus un espace de plaisir. Il devient un champ de bataille entre le contrôle et la peur du jugement.


Ces peurs ne viennent pas de nulle part. Elles sont souvent le fruit d’années de normes intériorisées, de regards blessants, de silences accumulés. Elles méritent d’être entendues et accompagnées !



Traumas et anxiété anticipatoire : quand le passé empêche d’avancer


Certaines peurs prennent racine dans des vécus traumatiques : une agression, une relation toxique, un non-consentement, ou une intrusion.


Même des expériences que l’on n’a pas tout de suite identifiées comme violentes peuvent réapparaître des mois ou des années plus tard, sous forme de blocages, de retrait, d’incompréhensions ou de peur panique.


L’anxiété devient un mécanisme de protection. Le corps anticipe un danger, se ferme, dissocie, évite. Et parfois, on a même peur de faire du mal à l’autre — parce qu’on n’a pas de repères, parce qu’on a peur de mal faire, ou simplement parce qu’on n’ose pas poser de questions.


Ces peurs sont légitimes. Et elles peuvent être apaisées. On ne « redevient pas sexuel·le » du jour au lendemain. Mais on peut, pas à pas, redéfinir ce que l’intime veut dire pour soi.



Quand l’anxiété empêche de passer à l’acte


Certaines personnes n’osent pas y aller. Non pas parce qu’elles n’en ont pas envie, mais parce que la peur est plus forte que le désir.


Elles peuvent fantasmer, avoir du désir, se projeter… mais se retrouvent paralysées à l’idée de se mettre en lien. La sexualité semble trop engageante, trop risquée. Comme si elle allait tout bouleverser.


Cette peur du passage à l’acte parle souvent d’un besoin de cadre, de clarté, de temps. Elle traduit aussi un manque de modèles positifs. Quand on n’a jamais vu de sexualité douce, lente, inclusive, comment pourrait-on s’y projeter sans crainte ?


Je parle ici de réappropriation. Le droit de dire non, de ralentir, de créer une sexualité à soi. Il n’y a aucune obligation à “faire l’amour” comme on nous l’a montré. Il y a des milliers de manières d’être en lien, avec l’autre ou avec soi.



Comment sortir de l’angoisse dans la sexualité ?


Il n’y a pas de solution magique. Mais il y a des chemins possibles.


Le premier, c’est de reconnaître l’anxiété. Ne pas la nier. Lui faire de la place. L’écouter sans s’y enfermer. Elle a souvent une logique émotionnelle précise.


En consultation, on travaille à redonner du sens, à revenir au corps, à comprendre ce qui active la peur, à retrouver un espace d’expérimentation sans danger.


C’est un processus. Il peut être ponctuel ou s’inscrire dans un accompagnement plus long. L’essentiel, c’est de pouvoir revenir à soi, sans se brusquer.



Un pas après l’autre : reprendre confiance, redéfinir sa sexualité


Sortir de l’angoisse, ce n’est pas retrouver une sexualité “comme avant”. C’est trouver sa manière à soi d’être intime.


C’est pouvoir dire ce qu’on ressent, poser des limites, exprimer un doute ou un élan.


C’est ne plus se comparer, ne plus performer, ne plus chercher à correspondre.


Et surtout, c’est se souvenir que tout cela est légitime !!! Que vous avez le droit de douter. Le droit de ralentir. Le droit d’inventer une sexualité qui vous ressemble.


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