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Addiction sexuelle et quotidien

Retranscription écrite de l’épisode n°83 intitulé « Addiction sexuelle et quotidien » avec Romane, en ligne le 19/03/2023 - Le podcast s'intitule "Sin Eden sublime", créé et présenté par Morgane Beauvais, sexologue.

Retranscription écrite de l’épisode n°83 intitulé « Addiction sexuelle et quotidien » avec Romane, en ligne le 19/03/2023 - Le podcast s'intitule "Sin Eden sublime", créé et présenté par Morgane Beauvais, sexologue.

M : Morgane Beauvais - sexologue, créatrice et narratrice du podcast

R : Romane



Introduction du podcast


M : Bonjour, bonsoir, je m'appelle Morgane Beauvais et dans la vie, je suis sexothérapeute. Sur cette chaîne, je parle des sexualités, des pratiques alternatives, des fétiches en tout genre et des orientations romantiques et sexuelles. Les personnes interviewées mettent leur intimité à nu à travers des témoignages uniques et sans tabou. Vous écoutez Sin eden Sublime, le podcast des sexualités, disponible sur toutes les plateformes de streaming.



Présentation du sujet et de l’invitée


Dans ce podcast, vous allez découvrir le témoignage de Romane qui souffre d'addiction sexuelle. L'addiction sexuelle est considérée comme une pathologie puisqu'elle implique des comportements obsessionnels, compulsifs, de dépendance et de honte sur tout ce qui concerne la consommation de sexualité sous toutes ses formes.


Dans ce cadre, on ne parle pas de désir ou bien même de plaisir à la sexualité, mais d'un réel besoin constant. Cette addiction implique une véritable souffrance physique et psychique des personnes concernées. L'addiction sexuelle est à dissocier de l'hypersexualité, qui elle se caractérise par une fréquence extrême régulière de consommation à la sexualité, mais il n'y a pas ici de réelle souffrance d'oppression, ou bien de conséquences dans la vie des personnes hypersexuelles.


Alors grâce à ce témoignage, et aux anecdotes de Roman, vous allez pouvoir mieux comprendre cette différence, mais surtout intégrer les comportements et les souffrances de son addiction au sexe. Je vous souhaite une bonne écoute.



Quand l'envie devient un besoin


Romane, pour commencer ce podcast, peux-tu te présenter à nous ?


R : Eh bien bonjour, je m'appelle Romane, j'ai 22 ans. Actuellement, je suis assistante manageuse dans un local de divertissement. J'ai toujours grandi dans un milieu hyper joyeux, hyper ouverte, avec une famille hyper aimante. Donc voilà, j'ai toujours été assez épanouie dans ce que j'ai entrepris dans ma vie de manière générale.


M : Tu m'as contactée il y a quelques temps pour parler de ton addiction sexuelle. Quelles sont les motivations qui t'ont poussée aujourd'hui à me contacter et à en parler dans le cadre de ce podcast ?


R : Je pense que l'objectif premier pour lequel je t'ai contactée, c'est vraiment le fait qu'on n'en parle pas assez en ce moment dans la société de manière générale. Même les gens entre eux, on n'en parle pas assez. Et c'est un sujet actuel qui, moi, m'importe beaucoup parce que je me rends compte que ça a des conséquences sur énormément de choses pour moi, mais dans la vie de manière générale aussi, ça a des conséquences personnelles, mais aussi de manière sociétale, ça porte des conséquences aussi qui sont hyper importantes.


Dans le boulot aussi, c'est hyper important les conséquences que ça a. Et je pense qu'en parler et mettre la voix dessus, ça peut faire prendre conscience à certaines personnes qui vivent peut-être la même chose ou des histoires un petit peu similaires. Voilà, savoir un petit peu comment, pas comment aborder les choses, mais comment ne pas se sentir seule un petit peu dans tout ça.


M : Comment s'est manifestée ton addiction ? A quel moment tu as pris conscience de celle-ci ? Et par la suite, je te demanderais de me parler un petit peu de toi de manière chronologique pour qu'on comprenne comment cette addiction est arrivée et comment tu l'as vécue, etc.


R : Dans un premier temps, moi je dirais que mon addiction, elle est arrivée au moment où mes envies sont devenues des besoins. C'est vraiment moi dans ma tête et dans mon cheminement et comment je l'ai vécu et ressenti, c'est vraiment ces deux mots clés qui ont changé.


J'ai toujours été très intéressée, depuis le collège à la sexualité, je m'intéresse vraiment beaucoup à ça. Mais c'était vraiment que par pur intérêt, je ne mettais rien en pratique pour l'instant, tant que je ne me connaissais pas encore assez, je ne le mettais pas en pratique. Et c'est en arrivant au lycée que j'ai commencé à vraiment avoir un désir sexuel qui a été assez prononcé rapidement. Au début, j'ai testé pas mal de choses, j'ai eu mes expériences avec plusieurs personnes, des hommes, des femmes, des personnes transgenres, non-binaires, peu importe. Mais j'ai vécu beaucoup de choses et ça s'est vraiment amplifié au fur et à mesure.


Au début, c'était vraiment que des envies de sexe. J'avais envie de découvrir, d'expérimenter de nouvelles choses, de pousser toujours au-delà de mes limites, de pousser mon corps toujours plus loin, de tester des pratiques qui me paraissaient peu classiques. C'est monté vraiment crescendo, crescendo. Et du coup, j'en avais toujours envie et je voulais toujours plus. C'est-à-dire que… plus j'avais des relations, plus j'en redemandais, et plus je demandais des choses extrêmes, jusqu'à vraiment que ce soit douloureux physiquement pour moi, avoir des pratiques douloureuses. Et même malgré la douleur, à ne pas pouvoir m'arrêter malgré ça. Et c'est là où ça a commencé vraiment à me poser un réel problème, quand je ne pouvais déjà plus le contrôler.


Quand ça arrivait à des moments vraiment peu communs, par exemple, que ce soit au milieu scolaire ou au niveau familial, quand ça arrivait pendant des repas de famille ou des choses comme ça. quand même j'ai commencé à ne plus voir mes amis parce que c’était...


En fait, ça arrivait même dans ces moments-là et il fallait que j'assouvisse ce désir-là et ce besoin-là, parce que clairement, c'était un besoin qui était incontrôlable, incontrôlé et compulsif, clairement. Donc, c'est vraiment là où ça a commencé à me poser problème, quand ça a pris une tournure d'envie à besoin et que ça me faisait mal si j'avais pas ce que je voulais sexuellement, j'avais vraiment mal à l’intérieur.



La souffrance de l'addiction sexuelle 


M : Ces douleurs, quand tu parles de mal, elles étaient physiques, psychiques ? Les deux.


R : Ça pouvait être physique dans le sens où si je n'avais pas ce que je voulais, alors après je rentre dans un petit peu un autre sujet, mais j'en allais à me mutiler. Du coup, je suis rentrée dans la mutilation, dans l'automutilation tellement que j'en souffrais et que j'avais besoin de ça. Et si je ne pouvais pas le faire, c'était la seule source extérieure et le seul échappatoire un petit peu que j’avais.


Après, ça a été aussi interne et psychologique, mais interne, comment je le ressentais, c'est vraiment comme un bouillonnement intérieur. Et je dis ressentait, mais actuellement, c'est encore le cas. Quand j'en ai vraiment besoin et que je sens qu'il me faut ça et pas autre chose, ça va vraiment bouillir à l'intérieur de moi et ça va me faire monter en pression. Et je peux vraiment être en colère ou je vais sentir quelque chose de très mauvais à l'intérieur de moi. tant que je n'ai pas eu un rapport sexuel sur le moment en clé.



Un besoin pulsionnel d'avoir des rapports sexuels 


M : Effectivement, tu parles de pulsions, quelque chose d'incontrôlable. Peux-tu donner des exemples de besoins dont tu avais d'un point de vue sexuel et comment tu pouvais assouvir ces besoins-là ?


R : Je pense que c'est vraiment... J'ai... eu besoin à un moment de toujours avoir des relations successivement.


Jamais les mêmes partenaires et toujours, comme je l'ai évoqué tout à l'heure, toujours plus. L'exemple que je pourrais donner, je pense, c'est j'ai eu en une journée plusieurs partenaires différents. Alors ça n'est pas la question, mais je n'étais jamais satisfaite d'un des partenaires et du coup, j'allais toujours voir les autres. Après, du coup, les partenaires avec qui j'avais des relations. Et j'étais jamais comblée, j'étais jamais conquise.


Il y a toujours quelque chose qui manquait. Et du coup, ce que je ressentais après ça, c'est vraiment limite de la culpabilité parce que je donnais plus du tout de retour à ces personnes-là parce que j'étais pas comblée et j'espérais pas autre chose avec ces personnes, du coup. Et forcément, je me sentais hyper coupable. Je me disais, c'est... pas cool de faire vivre ça aux autres.


Et surtout, je me sentais vraiment coupable par rapport à ce que je ressentais et surtout ce que je ne ressentais pas avec ces personnes-là et ce qu'elles essayaient de m'apporter malgré tout. Et ça, ça a été vraiment, vraiment compliqué à cette période-là.



Des prtaiques sexuelles à risque


M : Est-ce que tu as vu tes pratiques évoluer aussi par rapport à ton addiction ?


R : Ça a évolué effectivement. Alors comme je le disais tout à l'heure, j'ai eu différentes pratiques mais ça a été vraiment crescendo. C'est-à-dire que j'ai pas commencé avec des choses extrêmes tout de suite, j'ai eu des relations J'ai eu des relations hétérosexuelles, des relations homosexuelles. Après, j'ai découvert le shibari.


Au début, ce n'était pas du tout sexuel. Pour le coup, c'était vraiment artistique. Et après, j'ai découvert la pratique du shibari dans la sexualité, ce qui m'a énormément plu. J'ai découvert aussi les jeux avec les couteaux ou des choses comme ça. Ça aussi, ça a duré un certain temps avec certains partenaires.

Pareil, j'ai trouvé ça énorme, très excitant et ça me faisait encore plus monter dans mes limites. Mes limites ont commencé encore et encore. J'ai été dans des clubs BDSM, j'ai fait des soirées BDSM avec plusieurs partenaires. Après, des relations à plusieurs aussi, avec d'autres pratiques qui sont venues au fur et à mesure. Donc voilà, c'est plein d'expériences comme ça qui ont fait que je pense j'avais du mal à me satisfaire de quelque chose parce que j'en découvrais toujours et encore et je savais plus qu'est-ce que je devais apporter dans ma vie sexuelle pour réussir à être enfin comblée et enfin avoir ce besoin en moi.


Petite précision, bien évidemment, les pratiques sexuelles alternatives et le BDSM n'impliquent pas forcément une addiction. Ce sont deux choses à dissocier. Mais toi, en tout cas, ça se manifestait notamment de cette manière-là, mais pas que.



Mettre de la conscience et poser les mots de l'addiction sexuelle 


À partir de quand et comment tu as pu poser ce mot, addiction sexuelle ? Il a été posé en 2018, en février 2018 même, je me souviens bien. J'étais suivie par un psychologue à cette époque-là pour d'autres addictions que j'avais. J'avais des troubles alimentaires.


Et du coup, on a pu avec cette psychologue amener ce sujet-là aussi, on a pu un petit peu en parler parce que c'est à la période de lycée où ça a commencé à me poser problème et j'ai pu mettre enfin des mots sur ce que je ressentais, sur ce que je vivais et la psychologue a pu mettre un mot aussi là-dessus. Je n'ai pas voulu l'entendre à cette époque-là, c'était très compliqué, j'ai même mis fin du coup à cette... à ce suivi-là. Mais je sais que maintenant, j'en aurais grand besoin et j'ai vraiment conscience de ce que je vis, ce que je ressens, notamment, je suis dans une relation, actuellement, dans une relation exclusive, exceptionnellement par rapport à mes dernières relations, qui n'étaient pas du tout exclusives. Et je me rends compte que c'est un problème au sein du couple, que du coup, on vit quelque chose de compliqué.


On arrive à communiquer, évidemment, à trouver des solutions, mais qui sont quand même assez temporaires, puisque le fond du problème est quand même en moi, et je pense vraiment avoir besoin d'avoir un truc. Même si le mot a été posé, et on en a parlé en privé, tu l'évoques, il y a eu un déclic depuis ce mot posé, mais il n'y a pas réellement eu de travail. Donc aujourd'hui, tu considères toujours être dans cette addiction ? Je pense que oui, c'est même une certitude pour moi et je m'en rends compte. justement depuis ma relation, depuis un an.


Ça fait un an qu'on est ensemble et je sais que ça me posait un peu moins de problèmes avant dans le sens où du coup j'avais été toujours dans des relations très ouvertes, dans des relations libres, des relations où je pouvais avoir plusieurs partenaires qui m'apportaient quelque chose. de très positif et voilà je pouvais piocher un petit peu partout si je peux dire ça comme ça. Maintenant je suis comblée dans ma relation mais je sais que je gère du coup mon rapport au sexe bien différemment de ma partenaire actuelle. de ma compagne, je peux même dire. Je vais donner un exemple assez, qui pour moi est le plus évocateur.


Je sais que quand je suis très en colère ou quand je ressens des émotions très très fortes, que ce soit la colère, que ce soit le stress, la culpabilité, etc. je vais avoir ce besoin-là d'avoir un rapport avec ma partenaire. Je vais vraiment avoir un besoin plus qu'une envie. Je ne vais pas sentir de tension monter ou quelque chose de crescendo qui va monter, mais vraiment un besoin physique d'avoir un rapport et d'avoir un orgasme, clairement, pour que tout s'apaise et tout redescende, alors qu'elle, ce n'est pas du tout comme ça que ça fonctionne pour elle.


C'est ça qui est vraiment compliqué actuellement, c'est vraiment au sein du couple et même, alors là je parle au sein du couple, mais même avec, ça m'est arrivé encore dernièrement, un autre exemple que je peux prendre, j'étais en soirée chez une amie, avec plusieurs de mes amis, Tout se passait très bien, mais là, j'ai ressenti une montée, un besoin vraiment extrême de sexe.

Et tout le reste de la soirée, j'ai été complètement déconnectée et complètement ailleurs et impossible de reprendre sur moi et de reprendre les conversations qu'on avait pu avoir. Je me suis vraiment isolée et c'était compliqué de revenir.



Les conséquences de l'addiction sexuelle dans la vie 


M : Tu parlais tout à l'heure de l'impact de ton addiction dans le travail, mais aussi dans la vie intime, familiale, même amicale. Là, tu nous as donné un exemple. Est-ce que tu peux peut-être nous partager d'autres expériences auxquelles tu as été confrontée par rapport à ça ? Au travail, par exemple, comment je le vis ?


R : Comme les besoins arrivent vraiment de façon compulsive, comme je l'expliquais tout à l'heure, je fais avec, on va dire, je fais avec et j'ai de la chance dans le travail dans lequel je suis actuellement, même dans les autres travails dans lesquels j'étais, dans lesquels je travaillais avant, de pouvoir m'isoler à certains moments si jamais le besoin se fait ressentir et que je ne peux pas du tout le contrôler, ce qui est le cas très souvent.


J'essaye de trouver, pas des compromis, mais des instants où je peux vraiment être toute seule, où je peux aller faire un rapide tour dans les toilettes, par exemple, et revenir.


C'est comme ça que j'arrive à le gérer, en tout cas au travail. Avec la famille, c'est un petit peu la même chose, je dirais. Quand on est dans des repas de famille ou des choses comme ça, je peux dans tous les cas un petit peu partir à tout moment. C'est vraiment des solutions. alternatives qui se sont un peu obligées quand je ressens ça, parce que, comme je le disais, si vraiment je ne peux pas le faire, comme je n'ai pas pu le faire chez mes amis la dernière fois, j'ai été vraiment déphasée et je ne pouvais plus me recentrer du tout sur ce qui se passait sur l'instant présent.


Donc, je n'ai pas du tout envie qu'il se passe ça au boulot alors que je suis en relation avec des clients tout le temps. Donc, je prends cinq minutes et je reviens ensuite. pour continuer la journée.

M : Quand tu dis que tu prends cinq minutes, est-ce que tu vas assouvir ces besoins, notamment par la masturbation, dans un endroit où tu veux juste souffler un coup ? Tu essaies de te recentrer. Comment tu fais justement pour redescendre ?


R : C’est automatiquement par la masturbation. J'ai pas réussi jusqu'à maintenant à juste souffler, respirer, prendre le temps de repartir. En fait, plus je vais essayer de faire ça, plus je vais essayer de m'y contraindre un petit peu. plus je vais me sentir mal avec ça et plus je vais avoir envie de me masturber.

Pour moi, la solution la plus facile et la plus rapide dans ces moments-là, c'est la masturbation. C'est la seule option et la seule clé pour l'instant que j'ai en main dans ces situations-là.


M : Tu parles de cette évolution crescendo de tes pratiques dans le cas de ta sexualité. Est-ce que tu t'es infligée des douleurs ? De par ton addiction, donc possiblement des rapports fréquents, voire extrêmement fréquents dans le cas de ta sexualité. Est-ce que tu t'es fait mal ? Est-ce que tu te fais mal ? Et si oui, est-ce que tu en as conscience et comment ça se manifeste ?


R : C’est sûr qu'en y repensant, dans certaines pratiques que j'ai pu avoir avec certains partenaires ou certaines partenaires, que ce soit de façon régulière ou même juste une fois comme ça, je me souviens encore de pratiques qui m'ont vraiment fait mal et pour lesquelles pourtant je pouvais pas dire stop. J'ai eu des relations très, très violentes, notamment avec une partenaire dont je me souviens encore. Ça a duré des heures et des heures. On a couché ensemble et ça a été vraiment bestial, du début à la fin.


Et c'était pas volontaire, à la base, qu'il y ait du sang ou quoi que ce soit qui soit vraiment... qui soit vraiment marquant, mais pour le coup, on s'est vraiment fait mal. Elle m'a vraiment fait mal. Et pour autant, je ne disais pas stop. Et pour autant, je n'arrêtais pas ça.


Et c'est limite, j'en redemandais tellement que je ne ressentais plus rien. Ça me faisait tellement mal et il y avait tellement de... tellement de violence physique que je ne ressentais plus rien du tout. Et pourtant, j'en demandais encore parce que je n'étais toujours pas comblée de tout ça. Et ça n'a pas été la seule expérience.


Il y a eu d'autres fois, notamment quand j'ai eu des relations avec plusieurs personnes en même temps. Pareil, c'était vraiment très violent. Alors après, c'est... C'est encore différent. Là, je parle par exemple avec un homme et une femme, mais quand ça a été qu'avec des hommes, par exemple, là, je savais que j'étais juste un objet sexuel.


En tout cas, c'est comme ça que moi, je le vivais, comme ça que je le ressentais. Et là, ça a été hyper violent aussi. Et pourtant, je ne pouvais pas l'arrêter. Là, je parle plus alors de mes anciennes expériences. Actuellement, j'ai des expériences avec ma partenaire actuelle.


On parle du fait que si on veut vivre d'autres choses, c'est possible, mais pour l'instant, ce n'est pas le cas en tout cas. Mais par contre, dans nos pratiques actuelles, c'est quand même moins violent. C'est quand même moins violent, il y a plus de fusion, on essaye un petit peu justement dans nos échanges par rapport à la sexualité, de redécouvrir notre propre corps, enfin vraiment d'y aller un peu plus doucement. Il y a forcément des fois où justement quand il y a ce gros besoin, où ça va devenir plus violent, où vraiment à l'intérieur je vais ressentir que ça me fait mal. Mais c'est bien moins extrême qu'il y a plusieurs années de ça.



Les facteurs de l'addiction sexuelle 


M : As-tu une idée des raisons qui pourraient expliquer ton addiction aujourd'hui ?


R : Il n'y a pas quelque chose ou un facteur qui a vraiment été un élément déclencheur selon moi. En tout cas, si c'est le cas, je n'ai pas d'idée là-dessus. Je sais que j'ai été abusée sexuellement, mais c'est en aucun cas ça qui a fait que mon addiction ait pris le dessus. J'ai été abusée sexuellement bien après que le diagnostic a été posé, enfin bien après.


Un an après, ça fait pas si longtemps après, mais ça a été quand même après. En soi, cet abus, il a juste changé mon rapport aux hommes. C'est-à-dire qu'avant, je pouvais avoir des relations amoureuses, spirituelles, sexuelles avec des hommes, des femmes, n'importe quel genre, n'importe quel sexe. Et après cet abus-là, c'était seulement... 


Mon rapport à l'homme était uniquement et purement sexuel.

C'est-à-dire que, voilà, pour moi, j'étais vraiment devenue l'objet d'un désir sexuel et pas autre chose. Mais pour moi, je ne vois pas un élément déclencheur qui a vraiment pu me rendre addicte à ça, à ce point. En tout cas, je n'ai pas encore peut-être trouvé quelque chose jusqu'à maintenant.

En privé, on parlait un petit peu de l'éducation que tu as reçue. Tu as fait une émission de télévision dans laquelle tu partageais ton témoignage justement en lien avec l'addiction sexuelle.


Et dans les commentaires sous ces fameux témoignages, tu as eu droit à tout un... un tas d'avis aussi particuliers les uns que les autres et des personnes qui faisaient de bonnes théories de comptoir comme on peut en voir sur Facebook, Instagram et tutti quanti.




Comment expliquer l'addiction sexuelle 


M : Qu’est-ce que tu peux dire à ces personnes qui réduisent ton addiction à possiblement ton éducation ou tout autre chose ?


R : Alors moi, je pense, en lisant ça, et c'est vrai que je ne m'y attendais pas du tout, je pense qu'il y a un gros manque de compréhension. Je pense qu'il peut aussi y avoir beaucoup de frustration, peut-être. Je sais que j'ai lu beaucoup de choses assez violentes et assez agressives, que je me faisais prendre par tout le monde, que j'étais une femme à marier parce que j'allais combler l'homme qui allait être avec moi sexuellement, etc. Des choses Les gens pensent vraiment que c'est quelque chose de facile à vivre au quotidien. Et je pense qu'ils n'ont juste pas conscience, à mon avis, de ce que c'est vraiment.


Moi, si je pouvais ne pas éprouver ce besoin-là et juste avoir une sexualité normale, entre gros guillemets, parce que je n'aime pas vraiment ce mot-là, mais je pense qu'il y a vraiment un manque de compréhension. Ils ne cherchent pas à entendre vraiment ce que les gens vivent dans ces moments-là. Et peut-être, quand je dis de la frustration, des gens qui eux n'ont pas de relation peut-être avec autrui ou peut-être qu'ils sont frustrés sexuellement. pour n'importe quelle raison, alors que peut-être que dans leur coin, on sait pas, ils font des choses qui sont aussi un peu particulières, on n'en sait rien.


Mais c'est vrai que je pense qu'il manque vraiment une entente des problématiques que ça a réellement dans la vie de quelqu'un et des conséquences que ça peut avoir, que c'est pas quelque chose qu'on a choisi volontairement, que c'est vraiment des ressentis qu'on a et des choses qui sont incontrôlables et on ne l'a pas du tout souhaité.


Pour rien au monde, je voudrais ressentir ce que je ressens dans les moments où il y avait vraiment ce besoin et cette addiction qui est vraiment frappante.



L'addiction, une véritable souffrance


M : Effectivement, ce qu'on a tendance à oublier, c'est que l'addiction, c'est une souffrance. Et je pense que l'addiction sexuelle notamment a longtemps été glamourisée par les films, les séries, etc. Il y a une différence entre une sexualité active, l'hypersexualité et l'addiction sexuelle que je vous ai définie au début de ce podcast. Là, Romane, tu partages effectivement une souffrance.

Qu'est-ce que tu aimerais dire aux personnes qui vivent ce que toi tu vis ?


R : Déjà, soyez libre de vivre ce que vous souhaitez, ce que vous désirez. Vraiment, si vous avez envie d'exploiter votre sexualité, faites-le. Ne vous privez pas pour autant. Faites ce que vous souhaitez, toujours évidemment avec précaution, parce que c'est vrai que, je ne l'ai pas évoqué tout à l'heure, mais il y a parfois des expériences que j'ai pu avoir qui n'étaient pas du tout protégées, où vraiment j'ai pu me mettre en danger, que ce soit dans des rapports non protégés ou même pas, en parlant de non protection, avec des personnes qui pouvaient être vraiment douteuses, où on aurait pu vraiment y avoir un réel danger.


Mais hormis ça, Voilà, vraiment exploiter sa sexualité et surtout ne pas hésiter à en parler autour de soi. C'est vrai qu'il n'y a pas énormément de... Je pense être bien entourée, c'est hyper important. Être bien entourée et accepter de se faire aider si jamais il y a besoin. C'est vrai que moi, ça fait déjà plusieurs années que le suivi a été arrêté depuis 2018, mais...


Je prends tout juste conscience que là, ça devrait vraiment être utile et c'est hyper important. Mais je pense qu'il y a besoin de ce cheminement-là. Ça ne peut pas être automatique, vu qu'il y a ce temps de compréhension de soi, de ce qu'on vit, de ce qu'on ressent véritablement. Mais ne pas hésiter à en parler, à se faire entourer, se faire aider. En tout cas, ce n'est pas du tout honte.

Il ne faut pas avoir honte d'en parler.


M : Est-ce qu'il y a une question que je ne t'ai pas posée, que tu aimerais que je puisse... que tu souhaiterais aborder ? Et de quelle manière souhaiterais-tu compléter ce podcast ?


R : J’ai été élevée dans un milieu hyper ouvert. J'ai eu une famille très aimante, j'ai eu une famille très déconstruite sur plein de sujets, avec qui on a pu parler de sexualité notamment, mais pas que, loin de là, de vraiment tout type de sujets hyper approfondis, hyper intéressants.


Et la sexualité est venue se discuter à l'entrée au collège. C'est là où on commence à poser certaines questions, on commence à se renseigner un petit peu. Donc voilà, j'ai été éduquée par notamment ma maman, à qui je suis très proche actuellement, et qui m'a révélée depuis assez peu qu'elle a eu aussi des expériences dans des clubs libertins, des expériences dans l'échangisme, des choses comme ça. Et j'ai pu poser beaucoup de questions, du coup, moi aussi, à ce niveau-là. Ce n'est pas du tout des choses dont on parlait, évidemment, quand j'avais 6-7 ans.


C'est vraiment venu bien plus tard. Mais c'est vrai que ce sont des sujets qui se sont mis sur la table assez rapidement et on en a parlé sans tabou. C'était très fluide. Quand j'ai révélé à... Enfin, j'ai révélé...

C'est un grand mot, mais... Quand j'ai annoncé à mes parents que j'avais une attirance aussi pour les femmes, mais pas que pour les hommes, ça a été hyper naturel. Enfin, limite, j'aurais même pas dû leur annoncer, quoi. Ça aurait été... Ça aurait été hyper naturel pour eux, donc…


Non, j'ai vraiment grandi dans un milieu très ouvert sur lequel on n'a jamais eu de problème à parler de nos relations, de nos relations intimes même. Il n'y a jamais eu de gêne par rapport à ça. Est-ce que tu penses que cette ouverture d'esprit et la facilité avec laquelle tes parents t'ont parlé de sexualité a eu un impact sur ta sexualité et ton addiction ? Ça n'a pas eu d'impact sur mon addiction. En revanche, je pense que ça a juste...

ça m'a juste ouvert, moi, l'esprit, en fait, par rapport à mes questionnements, par rapport à mon intérêt à la sexualité.


C'est juste, ça n'a rien influencé du tout. En tout cas, par rapport à mon addiction, je pense juste que ça m'a plus déconstruite, en fait, plutôt déconstruite sur plein de sujets et sur mon propre intérêt, sur mon intérêt personnel. Mais en aucun cas, ça n'a dû engendrer mon addiction. En tout cas, je ne le visualise pas du tout comme ça.


M : Ton addiction, tu en as réellement pris conscience à partir du moment où la psy a posé ce mot ? Ou tu t'es déjà rendu compte bien avant que ta sexualité était obsessionnelle et compulsive ?


R : Je dirais que je m'en suis rendue compte un petit peu avant quand même, parce que les moments où c'est devenu vraiment compulsif, c'est arrivé au lycée. 


Du coup, c'est au lycée, en pleine période scolaire, quand j'étais en classe et que j'avais ce besoin-là et que je perdais toute attention, toute concentration face à ce que je faisais dans la classe et que j'avais ce besoin-là déjà de m'extérioriser pour assouvir ce besoin-là. Quand j'ai arrêté de voir un petit peu mes amis parce qu'il fallait que j'entre à la maison pour justement soit avoir des partenaires, soit rechercher d'autres partenaires pour avoir de nouvelles relations.


Donc j'en avais un petit peu conscience déjà avant par rapport à tout ça, par rapport au fait que j'étais de plus en plus difficilement comblée dans mes relations. Mais c'est vrai que c'est ce mot-là qui m'a vraiment dit, OK, je suis pas folle Il y a vraiment un mot qui peut être posé sur ce que je ressens et ce que je vis.



Le mot de la fin


M : On arrive à la fin de ce podcast. Quel est ton mot pour clôturer celui-ci ?


R : Ça m'a fait du bien d'en parler et ça fait plaisir d'en parler.


Et je pense que, comme je le disais tout à l'heure, Parlez-en, parlez-en et n'ayez pas honte de vos relations, de vos pratiques, de ce que vous avez envie de découvrir. Et voilà, ne pas hésiter à plus l'exposer parce qu'on est dans une société où c'est la sexualité encore tellement sujet tabou. Et pourtant, c'est le sujet que C'est ce que tout le monde vit au quotidien, en tout cas de manière générale. Beaucoup de personnes ont accès à la sexualité et pratiquent aussi la sexualité, donc n'hésitez pas à en parler sans avoir peur de quelconque jugement.


M : Dans le cas de ton addiction, est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu ce que tu ressens, ce que tu vis dans le corps et dans ta tête ?


R : Dans mes pratiques, dans mes anciennes pratiques, je dirais qu'au moment où j'avais une relation avec quelqu'un, je ressentais du plaisir dans un sens, mais en même temps, plus vraiment. C'est un peu délicat à expliquer.


Je pense que j'avais tellement un mal à l'intérieur et quelque chose à combler, un vide, un manque et quelque chose à vraiment saisir. Je pense que je ne pouvais pas réellement prendre du plaisir à 100% avec mes partenaires dans mes anciennes relations.


Ce n'était jamais extrêmement intense, en tout cas dans Intense ça aurait pu l'être, mais en tout cas, dans l'épanouissement que ça pouvait m'apporter, c'était jamais vraiment assez intense dans ma relation actuelle, vu qu'on est en train justement de... déconstruire tout ça, déconstruire notre sexualité à toutes les deux et déconstruire notre rapport au désir et au corps, etc. 


De tout séparer.


C'est différent parce que j'arrive à vraiment me retrouver moi, j'arrive à retrouver une intensité, une profondeur vraiment dans la relation, dans ce que c'est d'avoir un rapport sexuel avec quelqu'un. Il y a vraiment une alchimie entre nos deux personnes, il y a vraiment quelque chose de bien plus profond, c'est plus juste du sexe, c'est vraiment limite une histoire qu'on se raconte quand on a un rapport ensemble. Donc ouais, c'est vraiment différent et je le vis bien mieux qu'avant.


Malgré que parfois, il y a quand même ce besoin qui fait qu'elle sait que j'ai besoin de ça à ce moment là. On le tourne différemment et je me sens quand même un peu moins coupable maintenant dans mes relations et dans mes rapports que j'ai avec elle.


M : Merci Romane et merci à vous de nous avoir écouté. A très bientôt.


Si vous avez apprécié ce podcast, n'hésitez pas à me soutenir et repartager mon travail. Je vous invite à découvrir les nombreuses thématiques que j'aborde sur l'intimité, les relations, les pratiques sexuelles, en tout genre, à travers des témoignages uniques et surtout sans tabou.

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Écouter l'épisode au format audio en cliquant ici.


Retranscription écrite de l’épisode n°81 intitulé « Addiction sexuelle et quotidien » du podcast Sin eden sublime porté et présenté par Morgane Beauvais, sexologue, sexothérapeute


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